1. Pourriez-vous décrire votre projet en quelques lignes ? (objectifs, partenaires, activités organisées,…)
Un premier projet intitulé « Musique et totalitarismes européens » et portant sur les conséquences culturelles des deux grands totalitarismes européens du XXe siècle – nazisme et communisme – avait fait prendre conscience à ses organisateurs de la fragilité extrême de la notion de mémoire. Dans le cas du nazisme, la disparition des derniers témoins rend essentiel le développement de moyens alternatifs de transmission, parmi lesquels l’art semble devoir jouer un rôle fondamental. Du côté des victimes du stalinisme, la mémoire reste encore à libérer.
Le projet « Des orchestres pour la mémoire » a eu pour ambition de créer une plate-forme pour libérer cette mémoire. Des orchestres professionnels reconnus et des orchestres et chœurs de jeunes musiciens (étudiants et jeunes professionnels) représentant 8 pays de l’Union européenne (Pologne, Roumanie, Lituanie, République Tchèque, France, Allemagne, Autriche et Grèce) se sont unis pour une série de concerts et un colloque international à Strasbourg en janvier 2012, avant de se redéployer dans leurs pays d’origine.
Ces actions ont été encadrées par des institutions mémorielles des victimes du nazisme et du communisme, et des universitaires afin d’assurer le sérieux scientifique d’un projet guidé par la transmission de la mémoire, la transnationalité, le dialogue intergénérationnel, et par les valeurs de tolérance de l’Europe culturelle moderne.
Actions mises en œuvre :
- Organisation par la structure coordinatrice de ce projet, le Forum Voix Etouffées, d’un festival international à Strasbourg et Paris du 27 janvier au 7 février 2012. Ce festival, également intitulé « Des Orchestres pour la Mémoire », a permis la réunion de différentes formations orchestrales européennes, certaines avec une expérience dans le répertoire ciblé, d’autre le découvrant, échangeant leurs expériences. En se redéployant dans leurs pays d’origine, les formations et musiciens ont apporté avec eux la richesse de l’échange acquis le début d’un travail de fond sur mémoire et musique. Une tournée organisée en avril 2012, dans certains pays participants, a permis de renforcer ce travail en consolidant les relations entre artistes autour de ce thème.
- Création d’une plate-forme d’orchestres internationaux jouant le rôle du témoin des conséquences des dictatures européennes du XXe siècle.
Cinq formations ont constitué le cœur du projet :
- L’Ensemble Voix Etouffées (France), et son chef Amaury du Closel ;
- L’Orchestre symphonique d’Etat de Salonique (Grèce), et son chef Alexandre Myrat ;
- Le 1. Frauen Kammerorchester von Österreich de Vienne ;
- L’Orchestre roumain des Jeunes de Bucarest, fondé par le violoncelliste Marin Cazacu ;
- La Neue jüdische Kammerphilharmonie de Dresde (Allemagne) dirigé par Michael Hurshell.
A côté de ces institutions musicales clés figuraient les partenaires suivants :
- Le Musée d’Auschwitz-Birkenau et l’école de musique de la Ville d’Oswiecim (Pologne) ; La
- Philharmonie Enesco de Bucarest (Roumanie) ;
- Le programme culturel de la Radiodiffusion roumaine ;
- Le Festival Pax et Bonum de Vilnius (Lituanie).
Le fonctionnement de la plate-forme était organisé de la manière suivante : chaque formation – ou son directeur musical – a été invitée au Festival Voix Etouffées 2012. Celui-ci s’est déroulé simultanément à Strasbourg et à Paris. Les concerts donnés par les uns et les autres ne comportaient que des œuvres de compositeurs censurés par les régimes national-socialiste et communiste. Chaque institution impliquée dans le festival a organisé dans un second temps une ou plusieurs manifestations se rapportant à la mémoire des musiciens victimes des totalitarismes du XXe siècle.
Voici deux exemples de ces manifestations :
- Organisation d’un ciné-concert, donné le 31 janvier 2012 au cinéma UGC de Strasbourg et ouvert à un public mixte de cinéphile et de mélomane. Il a permis à un public plus jeune de s’intéresser à cette thématique.
- Organisation d’un concert le 1er mai 2012 à Vilnius, dans le cadre du Festival Pax & Bonum.
2. L’organisation d’un projet avec différents partenaires européens réserve toujours des surprises ! Auriez- vous une anecdote particulière à raconter ?
Faire Berlin-Vilnius est plus compliqué et plus long qu’aller en Inde !
3. Avez-vous un ou des conseil(s) à donner aux futurs porteurs de projet qui souhaiteraient déposer une demande de subvention dans le cadre du programme « L’Europe pour les citoyens » ?
Bien expliquer la correspondance entre les objectifs du projet et ceux du programme l’Europe pour les Citoyens : un bon exercice de politique européenne active.